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Interview de notre camarade Alain Ravoyard

Publié le 30 juin 2025

Avec l'aimable autorisation de la revue numérique Veyle Actu, vous trouverez ci dessous la reproduction d'un article écrit par Hélène Anglesio et paru dans Veyle Actu le 26 juin 2025

Le 18 juin s’est tenue à Vonnas, l’Assemblée Générale de la Société des Membres de la Légion d’Honneur de l’Ain. Deux personnalités de Vonnas ont l’honneur de porter cette distinction : Georges Blanc, cuisinier étoilé et Alain Ravoyard, colonel de l’armée de l’air et historien local. C’était l’occasion de se pencher sur ce sujet parfois mal connu : l’Ordre de la Légion d’Honneur. Pour cela nous avons rencontré Alain Ravoyard, décoré depuis tout juste 20 ans et qui a répondu à nos questions. Interview.

Veyle Actu : Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs dans quelles circonstances avez-vous reçu la médaille de la Légion d’Honneur et ce que vous avez ressenti ?

Alain Ravoyard : J’ai été décoré en juin 2005. Pour recevoir la Légion d’Honneur en tant que militaire il faut répondre à des critères bien précis . Il faut être de nationalité française, avoir eu au moins 20 ans d’activité dans l’armée, avoir un casier judiciaire vierge et avoir rendu des services éminents dans l’intérêt de la Nation. C’est le ministère des armées qui propose une candidature et instruit le dossier. Il y a un système de points selon la carrière que l’on a suivie. Pour ma part, j’avais 25 ans de service dans l’armée de l’air. Ce qui a aussi compté c’est ma réussite au concours de l’école de guerre qui est très sélectif et qui m’a permis d’obtenir le grade de colonel. J’avais également reçu la médaille de l’Ordre du Mérite, ce qui a ajouté des points. Enfin pour les services éminents rendus à la nation, il s’agit de mes compétences en tant que technicien dans l’amélioration des missiles nucléaires. Le dossier est examiné par le Conseil de l’Ordre qui le soumet à l’accord du président de la République. C’est lui seul qui accorde ou non cette distinction. J’ai vécu ce moment comme une consécration et une reconnaissance de ma carrière d’officier, d’autant plus que j’étais le premier dans ma famille à recevoir cette médaille, c’est une grande fierté. C’est aussi des portes qui s’ouvrent pour la suite car les Chevaliers de la Légion d’Honneur entrent dans un réseau de liens forts et d’entraide mais aussi de transmission de nos valeurs. C’est ainsi que je suis devenu membre de la SMLH 01 (Société des Membres de la Légion d’Honneur de l’Ain) qui s’est réunie en assemblée générale à Vonnas le 18 juin dernier.

Veyle Actu : Recevoir la Légion d’Honneur implique des devoirs, quels sont-ils ?

Il est certain que nous nous devons de vivre dans une certaine moralité. On vient de voir un triste exemple avec un ancien Président de la République qui a entaché l’honneur de la médaille qu’il portait et à qui on l’a retirée. Ce cas a été médiatisé mais l’ordre retire régulièrement la médaille à ceux qui n’ont pas respecté la loi et les valeurs que porte cette distinction. Si l’on a eu la chance d’être récompensé il est de notre devoir de continuer à servir la nation. En adhérant à la SMLH, présente dans chaque département, ce qui est le cas environ de la moitié des médaillés, nous pouvons agir de façon concrète notamment au niveau de la jeunesse : nous rencontrons les jeunes dans les collèges de l’Ain dans le cadre de l’éducation civique afin de leur transmettre nos valeurs, et les filles de décorés ainsi que les filles pupilles de la Nation peuvent accéder à l’école de la Légion d’Honneur, internat et école d’excellence. Enfin, il y a une obligation d’entraide au sein de cet Ordre, nous visitons les médaillés les plus âgés, nous nous rendons systématiquement aux enterrements des membres de l’Ordre avec nos drapeaux.

Veyle Actu : Selon vous, l’Ordre a-t-il changé depuis sa création et les valeurs sont-elles toujours les mêmes ?

Il faut faire un peu d’histoire pour situer cette création. Avant la Révolution, le roi ne distinguait que les militaires et leur attribuait la médaille de l’Ordre de Saint Louis. A la Révolution, par la volonté d’abolir les privilèges, on supprime toutes les distinctions. Puis Napoléon 1er juge qu’il manque une décoration, aussi bien pour les militaires que pour les civils. Il copie la médaille de l’Ordre de Saint Louis au niveau des couleurs et des codes et crée l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1802. Selon moi, depuis 1802, l’esprit de cet Ordre est resté le même. Même si les civils décorés ne suivent pas la même procédure que les militaires car leur noms sont proposés et leurs dossiers sont instruits par le ministère dont relève leur activité, cela ne me choque pas, par exemple, qu’un footballeur reçoive cette distinction car son action fait rayonner l’image de la France dans le monde. Je crois que chaque personne qui a fait quelque chose d’exceptionnel dans son métier mérite cette décoration. Cet Ordre reste sélectif, car il n’y a que 80 000 personnes médaillées sur une population de 68 millions de français. Même si certains cas litigieux ternissent parfois son image, la Légion d’Honneur reste pour moi intacte.

De notre correspondante : Hélène Anglésio